C’est une boutique en plein cœur de Lille, la capitale du Nord-Pas-de-Calais. Les t-shirts pendus aux murs étalent leurs messages en ch’ti, le patois local. Le concept est simple : des créateurs proposent un visuel, un slogan ou un dessin sur la région. Les gens votent sur Internet, pour leurs motifs préférés et la boutique en fait des t-shirts !
— Alors, les gens qui viennent ici veulent d’abord être fiers de leur région. C’est quelque chose qui revient depuis quelques années, et ils cherchent avant tout des petits clins d’œil « tradition », oui, la tradition du Nord-Pas-de-Calais et du langage ch’ti. Il y a beaucoup de t-shirts avec des phrases en patois d’ici, qui les font bien rire ! Par exemple, tu as un t-shirt avec un monsieur avec un parapluie sur lequel tombe une espèce de poème, à la manière d’un nuage avec de la pluie et ça fait : Din ch’nord i pleut toudis, on peut nin dire eul contraire Mais à force eud vire eul pluie eul ch’timi ça l’fait pu braire.
Donc c’est tourné très poétiquement et avec le côté patois du nord. Ça veut dire : Dans le Nord, il pleut tout le temps, on ne peut pas dire le contraire, à force de voir la pluie, un Ch’timi (donc un Ch’timi, c’est les gens du nord), ça le fait plus pleurer.
Fier d’être du nord, fier de leur accent. C’est nouveau dans cette région.
— Pendant un certain temps, on attachait le nord aux corons, aux mines, au chômage, à la pluie, au mauvais temps et c’est vrai que depuis quelques années, parallèlement au développement de la région, au dynamisme, les gens ont envie de retrouver leurs racines et d’être fiers d’où ils viennent. C’est sûr que nous, par exemple… je vais prendre un exemple concret : c’est-à-dire que nous, c’est vrai qu’on n’a pas un super beau climat dans le Nord de la France donc, en été, on part dans le sud. Et l’image que nous renvoyaient du nord les gens du sud, c’était vraiment… c’étaient les stéréotypes, stéréotypes culturels et puis voilà.
Dans le nord, grosso modo, pour les gens qui connaissent pas la région, qui sont jamais venus : dans le nord, il pleut tout le temps, les gens sont pauvres, ne boivent que de la bière, il y a du chômage, ils ne travaillent pas.
Enfin beaucoup de stéréotypes qui finalement ne sont jamais vérifiés, c’est le principe même du stéréotype, d’ailleurs. Je suis un pur Lillois. Je suis fier de ma région, des gens qui y vivent, parce que moi, j’ai par exemple des grands-parents qui ont travaillé dans les mines. Donc, je suis fier de ce passé-là, alors que, pendant un temps, c’est vrai que c’était un petit peu dénigré, tout ce passé et moi, j’en suis fier. Moi, j’ai mon grand-père qui descendait à la mine tous les jours, qui a bossé, qui a commencé à travailler à la mine à l’âge de 13-14 ans en tant que galibot (donc le galibot, c’est les jeunes mineurs qui descendaient à la mine) et moi, je suis assez fier de ça.
Puis, avant toute chose, j’aime la… la bonhomie des gens du nord. Les gens sont accueillants, souriants. Il y a une chanson qui dit : «les gens du nord ont le soleil dans le cœur, celui qu’on n’a pas dehors». Et c’est vrai que c’est un peu ça. Le soleil, nous, on l’a peut-être pas dans le ciel mais on l’a, en tout cas, dans le cœur.
— Oh ben, les gens, ils sont super sympas, quoi ! Même s’il fait pas beau, comme aujourd’hui, c’est pas grave, nous, on a le soleil dans le cœur, comme dit Enrico et puis non, c’est vrai qu’on s’y sent vraiment bien, quoi. Il y a tous les styles de paysage, la ville, la campagne, c’est sympa, voilà ! C’est pas plat, comme certains peuvent le dire. Dans le sud du département, c’est bien vallonné et puis il y a la mer aussi, dans le Pas-de-Calais plus, des super étendues de sable, donc on peut en profiter largement, quoi !
Cette manière de parler, de prononcer certains mots, c’est un accent que les autres Français reconnaissent très facilement.
-Et mon accent ? J’ai été élevée par mes grands-parents donc je pense qu’ils sont du terroir et j’ai dû hériter d’eux ! Bon, il y a des expressions de ma grand-mère que j’ai encore bien en tête et puis ça me fait plaisir de pas lâcher l’accent et d’avoir toujours ces expressions ch’timis. Par exemple, il y en a une qui nous a fait rire une fois, je me souviens. Quand on n’arrive pas à s’habiller, elle disait : « té bats pas avec tes bonéloques ». En fait, ça veut dire : « te bats pas avec tes vêtements ».
Si on n’arrivait pas à mettre nos vêtements, c’était, oui : « té bats pas avec tes bonéloques ». Et donc, voilà, c’est caractéristique, on va dire. Oui, c’est un héritage et puis pour transmettre aux futures générations aussi. Et puis, non, c’est particulier à notre région, donc oui, même si, peut-être qu’on n’habitera pas vraiment ici dans le futur, mais au moins, on pourra garder cet accent-là, je pense que c’est à vie et puis ces expressions. Pourquoi pas ? Elle nous les a transmises donc on va essayer de le faire comme elle aussi, voilà.
— Je dirais, les gens sont plutôt sympas. Oui, les gens et puis les lieux de rencontres et tout ça. Des petits coins sympathiques ? Je dirais les petits restaurants, les petits bars, il y a des endroits où on peut se retrouver et puis éventuellement faire des rencontres amicales. Oui, il y a quand même une ambiance, oui. Je veux dire… les gens vont vers d’autres personnes, ils font connaissance. Ça crée des liens et… oui, je pense, oui c’est très important.
— Ah oui, le plat principal comme on dit ici à Lille, c’est moules frites, quoi, c’est renommé.
Avec la bière, bien entendu. Je pense que c’est la boisson première, première du nord, du Nord-Pas-de-Calais, enfin je suppose. Moi, personnellement, je bois très peu de vin, je bois principalement de la bière.