Il se trouve dans le reportage un emploi fréquent de «les gens», pas seulement parce qu’on a en mémoire la fameuse chanson d’Enrico Macias.
La première personne interviewée explique que «les gens votent pour leurs motifs préférés», et que «les gens qui viennent ici veulent d’abord être fiers de leur région».
Quelqu’un d’autre dit que «les gens ont envie de retrouver leurs racines» et une troisième personne dit également que «les gens sont accueillants, souriants. Les gens, ils sont super sympas, quoi!» Mais qui sont «les gens»?
Eh bien, les gens, c’est nous! C’est moi, c’est vous, c’est nous. Des gens qu’on connaît, des gens qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam.
Notez que ce mot est toujours employé au pluriel (on ne peut pas dire «un gens») et qu’il est masculin (les gens sont fous, sont méchants, il y a des gens heureux, etc.). Vous pourrez trouver des emplois exceptionnellement au féminin. On dit par exemple «les vieilles gens» mais ce n’est plus vraiment usité. On dit plutôt maintenant «les personnes âgées» ou «les vieux».
Notez aussi que l’on n’utilise pas «les gens» en parlant d’un nombre déterminé de personnes. Certaines grammaires affirment que c’est possible si «gens» est précédé d’un adjectif (mes voisins sont trois braves gens) mais ce n’est pas courant en tout cas. Je vous conseille de l’éviter et de dire «trois braves personnes».
1. L’expression «les gens» s’emploie dans le même sens que «on», indéfini. On va dire par exemple : — Que fait-on le dimanche à Lyon? En général, les gens passent le dimanche en famille.
— Les gens ne respectent pas les espaces publics, ils jettent leurs mégots n’importe où.
2. L’expression «Les gens» désigne plus précisément les habitants d’une ville, d’une région, comme c’est le cas pour «les gens du Nord»: — Les gens du Nord ont dans les yeux le bleu qui manque à leur décor. Les gens du Nord ont dans le coeur le soleil qu’ils n’ont pas dehors.
C’était l’hommage d’un gars du Sud au gens du Nord pour les remercier de l’accueil qu’ils lui avaient réservé lors d’un concert à Lille.
Avec ce sens on se rapproche d’ailleurs de l’étymologie du mot. En effet en latin «gens» désignait une ethnie, un clan. Mais on ne dira pas «les gens de France», préférant «les Français». Ou alors on va tourner la phrase autrement : «En France, les gens ont le coeur à gauche et le portefeuille à droite» dit-on pour exprimer l’incohérence des idéaux politiques affirmés et les résultats des votes. Les gens votent souvent pour le candidat qui promet de défendre leurs intérêts.
On utilise de même encore «les gens» pour parler d’un parti politique, d’un corps professionnel : «les gens de finance», «les gens d’Église» (mais «un homme d’affaires», «une femme d’affaires»).
3. Vous trouverez aussi l’expression «les gens» employée dans les écrits plus anciens, le mot désignant des domestiques, des valets avec fréquemment un possessif : les gens de Monsieur le marquis, mes gens, ses gens, vos gens, nos gens, leurs gens, etc. C’est souvent le cas dans la littérature du XIXe siècle, chez Balzac, Alexandre Dumas.